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LETTRES FAMILIÈRES.

les circonstances où l’on se trouve à votre cour, on fera peu d’attention à vos représentations. L’ambassadeur vous salue[1]. Il commence à ouvrir les yeux sur son amie ; j’y ai un peu contribué, et je m’en félicite, parce qu’elle lui faisoit faire mauvaise figure. Adieu.


De Paris, 1742.
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LETTRE XXXV.


AU COMTE DE GUASCO[2], COLONEL D’INFANTERIE.


A FRANCFORT.


J’ai été enchanté, M. le comte, de recevoir une marque de votre souvenir, par la lettre que m’a envoyée M. votre frère. Madame de Tencin[3] et les autres personnes auxquelles

  1. C’est probablement le prince de Cantimir, ambassadeur de la cour de Russie à celle de France. (Ravenel.)
  2. Il s’étoit fort lié avec lui dans le voyage que le comte de Guasco fit à Paris, en 1742, à son retour de Russie. (Guasco.)
  3. Mme de Tencin, sœur du trop célèbre cardinal Tencin, qui lui devoit, disoit-on, sa fortune et son chapeau, figura beaucoup dans Paris par les charmes de sa beauté et de son esprit. Elle fut pendant cinq ans religieuse dans le couvent de Montfleury en Dauphiné, mais elle rentra dans le monde en réclamant contre ses vœux. Après bien des aventures, elle parvint, sans être jamais riche, à avoir dans Paris une maison de la meilleure compagnie. Il étoit de bon ton d’être admis dans sa société ; les seigneurs de la cour, les gens de lettres et les étrangers les plus distingués briguoient également pour y être introduits. Comme ceux qui faisoient le fond ordinaire de cette société étoient les beaux esprits et les savants les plus connus de France, Mme de Tencin les appeloit par ironie ses bétes. Elle étoit souvent consultée par eux sur les ouvrages d’agrément qu’on vouloit publier et s’intéressoit avec chaleur pour ses amis. M. de Montesquieu, qui étoit un de ceux qu’elle considéroit le plus, en avoit procuré la connoissance au comte de Guasco, homme également doué dos connoissances littéraires que ( ?) de la science militaire (G.)