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LETTRES FAMILIÈRES.


d’affaires qui en veulent faire la conquête, et ils la font plus sûrement que le comte de Gages. Je crois qu’à présent il se fait bien des réflexions sous la grande perruque du marquis d’Orméa. Je n’irai à Paris d’un an tout au plus tôt. Je n’ai pas un sou pour aller dans cette ville qui dévore les provinces, et que l’on prétend donner des plaisirs, parce qu’elle fait oublier la vie. Depuis deux ans que je suis ici, j’ai continuellement travaillé à la chose dont vous me parlez [1] ; mais ma vie avance et l’ouvrage recule, à cause de son immensité ; vous pouvez être bien sûr que vous en aurez d’abord des nouvelles ; on m’avertit que mon papier finit [2]. Je vous embrasse mille fois.


De Bordeaux, le 16 juin 1745.


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LETTRE XLVII [3].


A M. DE TOURNY [4].


M. Stoup vient d’être porté, monsieur, pour la jurade dans l’ordre des avocats, et il a eu les trente voix ; ce qui est une chose bien rare. Il y a longtemps qu’il auroit été question de lui, si M. Cazalet, son beau-frère, pendant les trois ans qu’il a été porté, et les deux ans qu’il a été jurât, ne lui avoit pas été un obstacle. Il a été syndic des anciens en 1741. J’ai écrit pour lui à M. le marquis d’Argenson. Je

  1. L'Esprit des lois.
  2. Montesquieu dictait la plupart de ses lettres, pour ne pas fatiguer sa vue fort affaiblie.
  3. Archives de la Gironde, tome VI.
  4. Louis-Urbain-Aubert de Tourny, intendant de Bordeaux. (1694-1760.)