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LETTRES FAMILIÈRES.


de ne l’avoir pas su plutôt, parce que j’aurois donné ce sonnet en dot à ma fille. J’ai l’honneur d’être, madame, avec toute sorte de respect.

De Clérac.
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LETTRE XLVI.


A MONSEIGNEUR CÉRATI.


J’apprends, Monseigneur, par votre lettre, que vous êtes arrivé heureusement à Pise. Comme vous ne me dites rien de vos yeux, j’espère qu’ils se seront fortifiés. Je le souhaite bien, et que vous puissiez jouir agréablement de la vie, pour vous et pour les délices de vos amis. Vous m’exhortez à publier, je vous exhorte fort vous-même à nous donner une relation des belles réflexions que vous avez faites dans les divers pays que vous avez vus. Il y a beaucoup de gens qui paient les chevaux de poste ; mais il y a peu de voyageurs, et il n’y en aucun comme vous. Dites à l’abbé Niccolini qu’il nous doit un voyage en France ; et je vous prie de l’assurer de l’amitié la plus tendre.

Je voudrois bien pouvoir vous tenir tous deux dans la terre de Brède, et là y avoir de ces conversations que l’ineptie et la folie de Paris rendent rares. J’ai dit à l’abbé Venuti que ses médailles étoient vendues. Nous avons ici l’abbé de Guasco, qui me tient fidèle compagnie à la Brède. Il me charge de vous faire bien des compliments. Il faut avouer que l’Italie est une belle chose, car tout le monde veut l’avoir. Voilà cinq armées qui vont se la disputer. Pour notre Guienne, ce ne sont que des armées de gens