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DISCOURS

SUR L’USAGE DES GLANDES RÉNALES


PRONONCÉ LE 25 AOUT 1718


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On a dit ingénieusement que les recherches anatomiques sont une hymne merveilleuse à la louange du Créateur. C’est en vain que le libertin voudroit révoquer en doute une Divinité qu’il craint, il est lui-même la plus forte preuve de son existence ; il ne peut faire la moindre attention sur son individu qui ne soit un argument qui l’afflige. Hœret lateri lethalis arundo[1].

La plupart des choses ne paroissent extraordinaires que parce qu’elles ne sont point connues ; le merveilleux tombe presque toujours à mesure qu’on s’en approche ; on a pitié de soi-même ; on a honte d’avoir admiré. Il n’en est pas de môme du corps humain : le philosophe s’étonne, et trouve l’immense grandeur de Dieu dans l’action d’un muscle, comme dans le débrouillement du chaos.

Lorsqu’on étudie le corps humain, et qu’on se rend familières les lois immuables qui s’observent dans ce petit empire ; quand on considère ce nombre infini de parties

  1. Virg. Æneid., v, 74.