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LETTRES FAMILIÈRES.


Je crois donc, mon cher cousin, que vous devez demander un congé à cette occasion pour venir régler vos affaires et celles de vos neveux, et que vous pouvez à merveille faire tout cela sans quitter le service. Je vous donne, mon cher cousin, des conseils que je prendrois pour moi-même ; je n’en sais pas donner d’autres. Quelle satisfaction sera-ce pour vous, vous qui aimez votre famille, et qui avez toutes sortes de bonnes qualités, de pouvoir vous rendre à vous-même ce témoignage que vous en êtes le restaurateur, et que non-seulement vous avez conservé à vos neveux leurs biens, mais que même vous les avez mis en état de se procurer leur avancement, et de pouvoir travailler à acquérir de l’honneur. Les honnêtes gens, dans ce monde, ne vivent pas pour eux seuls ; c’est le lot des âmes communes de ne songer qu’à soi.

Je vous prie, mon cher cousin, de croire qu’il n’y a que l’amitié qui m’a dicte cette lettre, et que sans cette amitié, vous ne l’auriez pas reçue. Je vous embrasse de tout mon cœur.


MONTESQUIEU.


A La Brède, en 7 juin 1749.


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LETTRE LXXVI.


A L’ABBÉ COMTE DE GUASCO,


A PARIS.


Pour vous prouver, illustre Abbé, combien vous avez eu tort de me quitter, et combien peu je puis être sans vous, je vous donne avis que je pars pour vous aller joindre à Paris ;