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LETTRES FAMILIÈRES.


sure, un grand désir de vous revoir. Voilà bien des changements de place : ce sont les quatre coins.

J’ai reçu une lettre de Madame la duchesse de Mirepoix. J’ai cru quelque temps qu’elle me querelleroit de ce qu’elle ne m’avoit pas fait réponse. Madame, je voudrois être à Paris, être votre philosophe et ne l’être point, vous chercher, marcher à votre suite et vous voir beaucoup. J’ai l’honneur, Madame, de vous présenter mes respects.


A la Brède, le 12 août 1752.


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LETTRE CXXIV.


A LA MÊME.



Je commence par votre apostille. Vous dites que vous êtes aveugle ! Ne voyez-vous pas que nous étions autrefois, vous et moi, de petits esprits rebelles qui furent condamnés aux ténèbres ? Ce qui doit nous consoler, c’est que ceux qui voient clair ne sont pas pour cela lumineux. Je suis bien aise que vous vous accommodiez du savant bailli [1] : si vous pouvez gagner ce point, que vous ne l’amusiez pas trop, vous êtes bien ; et quand cela ira trop loin, vous pourrez l’envoyer à Chaulnes.

Je ferai sur la place de l’académie ce que voudront Madame de Mirepoix, d’Alembert et vous ; mais je ne vous réponds pas de M. de Saint-Maur : car jamais homme n’a tant été à lui que lui. Je suis bien aise que ma défense ait

  1. Louis de Froullay, bailli de l’ordre de Malte.