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OBSERVATIONS

duite par des semences volantes. Mais, par l’examen que nous fîmes, nous changeâmes encore de sentiment : nous trouvâmes qu’elle étoit composée de deux sortes de fibres qui forment deux substances différentes : une blanche, et l’autre rouge. Pour les bien distinguer, il faut mouiller le tronc et en couper une tranche : on y voit premièrement une couronne extérieure, rouge, tirant sur le vert, et ensuite une autre couronne blanche, beaucoup plus épaisse ; et au milieu un cercle rouge.

Ayant regardé au microscope la partie intérieure de l’écorce sur laquelle vient cette mousse, nous la trouvâmes aussi composée de cette substance blanche et de cette substance rouge, quoique avec les yeux on n’y aperçoive guère que la partie rouge : cela nous fit penser que cette mousse pouvoit n’être qu’une continuité de l’écorce ; et comme la partie ligneuse de la branche d’un arbre n’est qu’une continuité de la partie ligneuse du tronc, ainsi nous nous imaginâmes que cette mousse n’était aussi qu’une continuité et, pour ainsi dire, qu’une branche de l’écorce.

Pour nous en convaincre, ayant fait tremper cette mousse attachée à son écorce, afin que les fibres en fussent moins roides et moins cassantes, nous fendîmes le tronc de la mousse et de l’écorce en même temps, et nous ajustâmes une de ces parties à notre microscope, afin que nous pussions suivre les fibres des unes et des autres : nous vîmes précisément le même tissu. Nous conduisîmes la substance blanche de la mousse jusqu’au fond de l’écorce ; nous reconduisîmes de même des fibres de l’écorce jusqu’au bout des branches de la mousse : point de différence dans la contexture de ces deux corps ; mélange égal dans tous les deux de la partie blanche et