Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
41
SUR L'HISTOIRE NATURELLE.

de la partie rouge, qui reçoivent et sont reçues l’une dans l’autre. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours à des graines pour faire naître cette mousse, comme font nos modernes, qui mettent des graines partout, comme nous le dirons tout à l’heure. Comme cette mousse n’est pas de la nature des autres, il ne faut pas s’étonner si elle vient sur les jeunes arbres comme sur les vieux : nous en avons vu à de jeunes chênes qui n’avoient pas plus de neuf à dix ans, et qui croissent très-heureusement ; au contraire, elle est plus rare sur les arbres vieux et malades.

Outre cette mousse, nous en avons remarqué sur les chênes de trois sortes, qui naissent toutes sur l’écorce extérieure, comme sur une espèce de fumier ; car l’écorce extérieure, sujette aux injures de l’air, se détruit et pourrit tous les jours, tandis que l’intérieure se renouvelle. Sur cette couche naît : 1° une mousse verte, dont j’omets ici la description, parce que tout le monde la connoît ; 2° une autre mousse qui ressemble à des feuilles du même arbre qui y seroient appliquées ; je n’en dirai rien ici de particuher ; 3° enfin une mousse jaune, tirant sur le rouge, qui vient dans un endroit plus maigre que les autres, car on la trouve aussi sur le fer et sur les ardoises. Ayant fait tremper un morceau d’ardoise dans l’eau afin que la mousse s’en séparât plus facilement, nous avons remarqué qu’elle ne tient pas partout à l’ardoise, mais qu’elle y est attachée en plusieurs endroits par des pieds qui ressemblent parfaitement à des pieds de potiron, et que nous y avons vus très-distinctement à plusieurs reprises.

Ces sortes de mousses viennent-elles de graines, ou non ? je n’en sais rien ; mais je ne suis pas plus étonné de leur production que de celle de ces forêts immenses et de ce nombre innombrable de plantes que l’on voit dans