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OBSERVATIONS

que leur végétation ne diffère que de très-peu de celle des pierres et des métaux ; en un mot, que la plante la mieux organisée n’est qu’un effet simple et facile du mouvement général de la matière.

Nous sommes persuadés qu’il n’y a point tant de mystère que l’on s’imagine dans la forme des graines, qu’elles ne sont pas plus propres et plus nécessaires à la production des arbres qu’aucune autre de leurs parties, et qu’elles le sont quelquefois moins ; que s’il y a quelques parties de plantes impropres à leur production, c’est que leur contexture est telle, qu’elle se corrompt facilement, se pourrissant ou se séchant aussitôt dans la terre, de manière qu’elles ne sont plus propres à recevoir les sucs dans leurs fibrilles ; ce qui, à notre avis, est le seul usage des graines.

Ce que nous avons dit semble nous mettre en obligation d’expliquer tous les phénomènes de la végétation des plantes, de la manière que nous les concevons ; mais ce seroit le sujet d’une longue dissertation ; nous nous contenterons d’en donner une légère idée en raisonnant sur un cas particulier, qui est lorsqu’un morceau de saule pousse des branches, et, par cette opération de la nature, qui est toujours une, nous jugerons de toutes les autres : car, soit qu’une plante vienne de graines, de boutures, de provins ; soit qu’elle jette des racines, des branches, des feuilles, des fleurs, des fruits, c’est toujours la même action de la nature ; la variété est dans la fin, et la simplicité dans les moyens. Nous pensons que tout le mystère de la production des branches dans un bâton de saule consiste dans la lenteur avec laquelle les sucs de la terre montent dans ses fibres : lorsqu’ils sont parvenus au bout, ils s’arrêtent sur la superficie et commencent à se coagu-