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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/65

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SUR L'HISTOIRE NATURELLE.

faut uniquement pour la production d’une plante qu’un sujet propre à recevoir les sucs de la terre, et à les filtrer lorsqu’ils se présentent ; et toutes les fois que le suc convenable passera par des canaux assez étroits et assez bien disposés, soit dans la terre, soit dans quelque autre corps, il se fera un corps ligneux, c’est-à-dire un suc coagulé, et qui s’est coagulé de manière qu’il s’y est formé en même temps des conduits pour de nouveaux sucs qui se sont présentés.

Ceux qui soutiennent que les plantes ne sauroient être produites par un concours fortuit, dépendant du mouvement général de la matière, parce qu’on en verrait naître de nouvelles, disent là une chose bien puérile ; car ils font dépendre l’opinion qu’ils combattent d’une chose qu’ils ne savent pas, et qu’ils ne peuvent pas même savoir. Et en effet, pour pouvoir avec raison dire ce qu’ils avancent, il faudroit non-seulement qu’ils connussent plus exactement qu’un fleuriste ne connoît les fleurs de son parterre, toutes les plantes qui sont aujourd’hui sur la terre, répandues dans toutes les forêts, mais aussi celles qui y ont été depuis le commencement du monde.

Nous nous proposons de faire quelques expériences qui nous mettront peut-être en état d’éclaircir cette matière ; mais il nous faut plusieurs années pour les exécuter. Cependant c’est la seule voie qu’il y ait pour réussir dans un sujet comme celui-ci ; ce n’est point dans les méditations d’un cabinet qu’il faut chercher ses preuves, mais dans le sein de la nature même.

Nous finissons cet article par cette réflexion, que ceux qui suivent l’opinion que nous embrassons peuvent se vanter d’être cartésiens rigides, au lieu que ceux qui admettent une providence particulière de Dieu dans la