Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entreprise, parce qu’elle est de nature à ne pouvoir gueres échouer dans un endroit sans tomber dans tous les autres, & manquer un moment sans manquer pour toujours[1].

XVIII

L’Europe n’est plus qu’une Nation composée de plusieurs, la France & l’Angleterre ont besoin de l’opulence de la Pologne & de la Moscovie, comme une de leurs Provinces a besoin des autres : & l’Etat qui croit augmenter sa puissance par la ruine de celui qui le touche, s’affaiblit ordinairement avec lui.

XIX

La vraye puissance d’un Prince[2] ne consiste pas dans la facilité qu'il a de conquérir, mais dans la difficulté qu’il y a à l’attaquer, & si j’ose parler ainsi, dans l'immutabilité de sa condition : mais l’agrandissement des Monarchies ne fait que leur faire montrer de nouveaux côtés par où on peut les prendre.

Voyez, je vous prie, quels voisins la Moscovie vient de se donner, les Turcs, la Perse, la Chine[3]

  1. V. Esprit des Lois, l. IX, ch. vii.
  2. V. ibid., l. IX, ch. vi.
  3. Elle s’étoit déjà rendue voisine des Chinois. (M.)