Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE XI.

Des loix qui forment la liberté politique, dans son rapport avec la constitution.


CHAPITRE PREMIER.

Idée générale.


JE distingue les loix qui forment la liberté politique dans son rapport avec la constitution, d’avec celles qui la forment dans son rapport avec le citoyen. Les premieres seront le sujet de ce livre-ci ; je traiterai des secondes dans le livre suivant.


CHAPITRE II.

Diverses significations données au mot de liberté.


IL n’y a point de mot qui ait reçu plus de différentes significations, & qui ait frappé les esprits de tant de manieres, que celui de liberté. Les uns l’ont pris pour la facilité de déposer celui à qui ils avoient donné un pouvoir tyrannique ; les autres, pour la faculté d’élire celui à qui ils devoient obéir ; d’autres, pour le droit d’être armés, & de pouvoir exercer la violence ; ceux-ci, pour le privilege de n’être gouvernés que par un homme de leur nation, ou par leurs propres loix ([1]).

  1. J’ai, dit Cicéron, copié l’édit de Scévola, qui permet aux Grecs de terminer entre eux leurs différends, selon leurs loix, ce qui fait qu’ils se regardent comme des peuples libres.