Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/40

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cipes d’une maniere assez lumineuse pour ceux qui sçavent lire ; mais on a cru devoir les développer pour l’auteur des notes. Celui de l’Esprit des loix, qui examine en quoi consiste la plus grande liberté possible des sujets, dit que, lorsque, dans la même personne, ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté, parce qu’on peut craindre que le même monarque, ou le même sénat, ne fasse des loix tyranniques, pour les exécuter tyranniquement.

Cette maxime est encore de la plus grande évidence : si celui qui fait les loix, tient en même temps dans sa main les forces nécessaires pour procurer à l’état l’exécution du droit des gens, & si les précautions requises par la nature du gouvernement monarchique ne dirigent pas ses volontés ; il n’y aura pas de liberté, puisqu’il pourra tout ce qu’il voudra. En effet, s’il dépendoit d’un tel prince de faire des loix de ses caprices, il tourneroit ses forces exécutrices contre ses propres sujets, & seroit un vrai despote.

C’est ainsi que raisonne M. de Montesquieu ; & il n’est pas possible de se refuser à l’évidence de ses raisonnemens, Mais l’annotateur dit qu’il faut corriger tout cela. Il n’y a point, dit-il, trois pouvoirs dans un état ; mais il y a trois especes de pouvoirs dans le pouvoir de gouverner, qui sont la puissance législative, la