Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 1.djvu/598

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des juges de leur nation. Ceci étoit fondé sur l’usage établi chez tous ces peuples mêlés, que chaque homme vécût sous sa propre loi ; chose dont je parlerai beaucoup dans la suite.


CHAPITRE XIX.

Du commerce, depuis l’affoiblissement des Romains en orient.


LES Mahométans parurent, conquirent, & se diviserent. L’Égypte eut ses souverains particuliers : elle continua de faire le commerce des Indes. Maîtresse des marchandises de ce pays, elle attira les richesses de tous les autres. Ses soudans furent les plus puissans princes de ces temps-là : on peut voir dans l’histoire comment, avec une force constante & bien ménagée, ils arrêterent l’ardeur, la fougue & l’impétuosité des croisés.


CHAPITRE XX.

Comment le commerce se fit jour en Europe, à travers la barbarie.


LA philosophie d’Aristote ayant été portée en occident, elle plut beaucoup aux esprits subtils, qui, dans les temps d’ignorance, sont les beaux esprits. Des scholastiques s’en infatuerent, & prirent de ce philosophe[1] bien des explications sur le prêt à intérêt, au lieu que la source en étoit si naturelle dans l’évangile ; ils le condamnerent indistinctement & dans tous les cas. Par-là, le commerce, qui n’étoit que la profession, des gens


  1. Voyez Aristote, polit. livre I, chap. IX & X.