Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/234

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ment fût mauvais, il payoit au seigneur une amende de soixante livres, la même amende au pair qu’il avoit appelé, autant à chacun de ceux qui avoient ouvertement consenti au jugement.

Quand un homme violemment soupçonné d’un crime qui méritoit la mort, avoit été pris et condamné, il ne pouvoit appeler de faux jugement  : car il auroit toujours appelé, ou pour prolonger sa vie, ou pour faire la paix.

Si quelqu’un disoit que le jugement étoit faux et mauvais, et n’offroit pas de le faire tel, c’est-à-dire de combattre, il étoit condamné à dix sols d’amende s’il étoit gentilhomme, et à cinq sols s’il étoit serf, pour les vilaines paroles qu’il avoit dites.

Les juges ou pairs qui avoient été vaincus ne devoient perdre ni la vie ni les membres ; mais celui qui les appeloit étoit puni de mort, lorsque l’affaire étoit capitale.

Cette manière d’appeler les hommes de fief pour faux jugement étoit pour éviter d’appeler le seigneur même. Mais si le seigneur n’avoit point de pair, ou n’en avoit pas assez, il pouvoit, à ses frais emprunter des pairs de son seigneur suzerain  ; mais ces pairs n’étoient point obligés de juger, s’ils ne le vouloient ; ils pouvoient déclarer qu’ils n’étoient venus que pour donner leur conseil ; et, dans ce cas particulier, le