Page:Montesquieu - Esprit des Lois - Tome 2.djvu/51

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par l’usage du change, les richesses ne sont, en quelque façon, à aucun état en particulier, & qu’il y a tant de facilité à les transporter d’un pays à un autre, c’est une mauvaise loi que celle qui ne permet pas de disposer, pour ses affaires, de ses fonds de terre, lorsqu’on peut disposer de son argent. Cette loi est mauvaise, parce qu’elle donne de l’avantage aux effets mobiliers sur les fonds de terre ; parce qu’elle dégoûte les étrangers de venir s’établir dans le pays ; & enfin parce qu’on peut l’éluder.


CHAPITRE XVI.

Du secours que l’état peut tirer des banquiers.


LES banquiers sont faits pour changer de l’argent, & non pas pour en prêter. Si le prince ne s’en sert que pour changer son argent ; comme il ne fait que de grosses affaires, le moindre profit qu’il leur donne pour leurs remises devient un objet considérables ; &, si on lui demande de gros profits, il peut être sûr que c’est un défaut de l’administration. Quand, au contraire, ils sont employés à faire des avances, leur art consiste à se procurer de gros profits de leur argent, sans qu’on puisse les accuser d’usure.


CHAPITRE XVII.

Des dettes publiques.


QUELQUES gens ont cru qu’il étoit bon qu’un état dût à lui-même : ils ont pensé que cela multiplioit les richesses, en augmentant la circulation.

Je crois qu’on a confondu un papier circulant qui représente la monnoie, ou un papier circulant qui est le