Page:Montesquieu - Histoire véritable, éd. Bordes de Fortage, 1902.djvu/23

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LE
LIBRAIRE AU LECTEUR


Il y avoit longtems que je cherchois à imprimer quelque livre bon, médiocre ou mauvais qui se vendît bien, afin de rétablir mon commerce qui est un peu délabré, depuis qu’un scavant du Mississipi m’achepta tout ce qu’il y avoit de livres dans ma boutique, et me paya en billets de banque qui ont péri entre mes mains. Dieu fasse paix à ceux qui en sont la cause ! Un illustre de mes amis est entré dans mes vues, et m’a procuré ce petit ouvrage que j’ay l’honneur de présenter au public.

J’aurois fort souhaité que celuy qui l’a accommodé à nos mœurs, eût voulu, à ses risques et fortune, y insérer quelque trait qui eût un peu réfléchi sur les affaires du tems. Le lecteur ingénieux m’entend bien. Je le supplie d’examiner si, dans le récit de toutes ces aventures, il n’y auroit