Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
229
MÉMOIRE SUR LA CONSTITUTION

lique pourroit-elle approuver ce qui, par ses principes, excluroit nécessairement du salut ?

La tolérance extérieure dérive d’un autre principe ; de sorte que le prince qui a établi dans ses états une tolérance extérieure et les sujets catholiques qui vivent dans un état sous les loix de la tolérance extérieure ne peuvent pas pour cela être soupçonnés, ni se soupçonner eux-mêmes d’avoir cette tolérance intérieure approuvée (sic) par la la religion catholique.

Quand un prince catholique dit qu’il n’a point et[1] ne veut qu’on ait de tolérance intérieure, c’est comme s’il disoit : « Je ne puis approuver intérieurement aucune secte dans mes états, parce qu’il n’y a que la religion catholique qui sauve ; et, si je croyois autrement, je ne serois point Catholique. » Quand il a la tolérance extérieure, c’est comme s’il disoit : « Je suis établi de Dieu pour maintenir dans mes états la paix ; pour empêcher les assassinats, les meurtres, les rapines ; pour que mes sujets ne s’exterminent pas les uns les autres ; pour qu’ils vivent tranquilles : il faut donc que mes loix soient telles, dans des (sic) certaines circonstances, qu’elles ne s’écartent pas de cet objet. Ma conscience me dit de ne point approuver intérieurement ceux qui ne pensent pas comme moi ; mais ma conscience me dit aussi qu’il y a des cas où il est de mon devoir de les tolérer extérieurement.

Ce n’est point toujours en conformité du principe théologique, lequel je crois, que mes loix doivent

  1. [Entre les lignes : ]… ni.