Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

belle action, ses soldats le proclamoient Empereur. Ce n’étoit qu’un titre d’honneur1 ; mais, lorsque ce nom emporta la puissance, les armées continuèrent à le donner, et il arriva ce qu’on voit toujours, que 5 les noms font les choses et gouvernent l’Univers.

149-151.— Morceaux Qui N’ont Pu Entrer Dans Mes « Romains ».

149* (1478. II, f°2i9). — Je disois sur Tarquin: « On avoit, dans ce temps-là, de l’éloignement pour le

10 gouvernement d’un seul. Les Veïens, pour s’être donné un roi, furent abandonnés de toutes les villes de la Tuscane. Albe s’étoit déjà mise en liberté. Le royaume de Porsenna ne subsista pas. » Je disois sur son caractère: « Tout est extrêmement

i5 mêlé dans le Monde. Les méchancetés particulières dans un état où l’institution est bonne, contractent toujours quelque chose des vertus publiques, et les vertus que l’on voit dans une république corrompue tiennent également de sa corruption. »

20 150* (1479. H, *° 2I9)- — Servius avoit transporté du Sénat au Peuple le droit d’élire les Roix, celui de nommer des juges dans les affaires civiles ; il avoit payé les dettes des particuliers, donné des terres à ceux qui n’en avoientpoint ; il avoit ôté l’arbitraire

23 dans les taxes et en avoit exempté les pauvres

1. Ces deux titres ne laissoient pas d’être toujours distingués: car, quand un empereur avoit fait quelque belle action, ses soldats le saluoient encore Imperator. (Note marginale.)