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Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/135

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les actions de l’esprit dont on le prive, sont autant de distractions ôtées, qui pourroient l’empêcher de manger. L’âme se tourne tout entière du côté de l’unique plaisir qui lui reste. C’est à l’âge de seize ans qu’on le choisit pour ce genre de vie. 5

Pendant que, d’un côté, l’on grossit et épaissit ses fibres, on les laisse, de l’autre, dans un perpétuel engourdissement, et on fait rêver mon homme à l’être en général, pendant toute sa vie.

Ce n’est pas tout: on lui relâche ces mêmes fibres 10 en frappant son cerveau d’une crainte continuelle. Car, tantôt il est intimidé par un supérieur bizarre et impitoyable, tantôt par les scrupules vains que le monachisme traîne toujours après soi. Or, le relâchement des fibres dans la crainte est sensible: 15 car, lorsqu’elle est immodérée, les bras tombent, les genoux manquent, la voix est mal articulée, les muscles appelés sphyncters se détendent ; enfin, toutes les parties du corps perdent leurs fonctions.

Pendant qu’on lui ôte tous les mouvements a0 modérés, on y en substitue, par intervalle de violents, tels que sont ceux que la continence et les disciplines produisent. Pendant ces accès, les esprits sont portés au cerveau ; ils y tiraillent les fibres et y excitent plutôt un sentiment confus »5 qu’ils n’y réveillent des idées.

183 (2035. III, f° 328). — Academica. — FragMents D’une Dissertation Sur La « Différence Des Esprits ».

La ressemblance extérieure des enfants à leurs 30