Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/134

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ne sera peut-être pas plus connu quand je l’aurai cité (c’est Huarte), fait un conte de François I"r, qui, étant dangereusement malade, rebuté des médecins chrétiens et de l’impuissance de leurs remèdes,

5 envoya demander à Charles-Quint un médecin qui fût Juif. Le bon Espagnol cherche la raison pourquoi les Juifs ont l’esprit plus propre à la médecine que les Chrétiens, et il croit fortement que cela vient de la grande quantité de manne que les

io Israélites mangèrent dans le Désert. Il se fait, ensuite, une objection très forte, qui est que les descendants de ceux qui ont mangé de la manne ont dû perdre peu à peu, depuis le temps, les dispositions que cette nourriture avoit introduites

i5 chez eux, et il se répond qu’il paroît, par l’Écriture, que la manne avoit tellement dégoûté les Israélites que, pour détruire l’altération qu’elle avoit faite en un jour, il étoit besoin de manger un mois entier des nourritures contraires. Sur quoi, il fait ce

a0 calcul que, pour détruire les qualités que la manne avoit imprimées dans le corps des Israélites dans quarante ans, il falloit quatre mille ans et davantage ; ce qui fait que ceux de cette nation ont encore, par (sic) quelque temps, une disposition

a5 particulière pour la médecine.

182* (1 192. II, P 90 v°). — Comment veut-on que l’esprit d’un Chartreux soit fait comme celui des autres hommes? On lui fait précisément mener la vie athlétique: on ne lui donne d’autre fonction 30 que de se nourrir. Tous les plaisirs du corps, toutes