Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/164

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ou despotisme, il reste encore une étincelle de liberté, un état peut faire de grandes choses, parce que ce qui reste des principes est mis en action. Mais, lorsque la liberté est entièrement perdue, 5 après un tel degré de force, on voit un égal degré de foiblesse. C’est que l’amour des choses bonnes et des choses grandes n’est plus ; c’est que, dans chaque profession, il est établi, — que dis-je?—il est quelque fois ordonné de ne la point faire ; qu’on est

10 découragé en général, et qu’on est découragé en détail ; que la noblesse est sans sentiments ; les gens de guerre, sans intérêt ; les magistrats, sans zèle ; les bourgeois, sans confiance ; le peuple, sans espoir. Chose singulière! tout roule et tout est dans

15 l’oisiveté ; chaque citoyen a un état, et personne n’a de profession ; de chaque sujet, on veut le corps, et non l’esprit et le cœur. C’est pour lors qu’une monarchie montre toute sa foiblesse, et qu’elle en est surprise elle-même.

ao 264*(1710. III, f°42 v°). — Romains. — Scipion donnant la paix aux Carthaginois, dans la seconde guerre punique, exigea d’eux qu’ils ne pourroient prendre à leur solde de troupes mercenaires de la Gaule, ni de la Ligurie1.

265* (1756. III, f° 65 v°). — « On n’a jamais eu tant de besoin de se fortifier qu’à présent que l’on a découvert tant de genres telorum, tormentorum et

1. Appien, in Libycis, page 30.