Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/166

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Monde, où la subsistance des hommes soit si peu assurée et si précaire. Il n’y a donc aucune province qui puisse penser pouvoir se passer deux ans du secours de l’autre. Le besoin est une chaîne qui les 5 lie toutes et les maintient sous un empire.

On voit des loix où les Empereurs défendent aux roix d’arrêter le cours des rivières qui vont dans un autre royaume ; ce qui les feroit périr.

L’Empire, séparé de trois côtés par la mer, des 10 déserts et des montagnes, ne peut avoir d’ennemis que du côté du nord. Cela a fait établir le siège de l’empire dans le Nord. Or les provinces du Nord sont infiniment plus belliqueuses que celles du Midi, et leurs peuples, plus courageux. Le Midi ne peut donc 13 que difficilement se séparer du Nord.

268* (1880. m, f° 118). — Chapitre Vi. — Par quelle Raison la Chine, malgré sa vaste Etendue, a été obligée de tempérer quelquefois son Despotisme. — L’Empire n’eut pas d’abord une trop

20 grande étendue ; ce qui fit que le luxe et les richesses y gâtèrent moins les princes. Ils ne possédoient que les provinces du Nord, provinces les moins délicieuses, où la mollesse est moindre, où l’on est plus porté au travail, et où, par conséquent, les

25 mœurs sont plus simples.

Tout le Midi étoit dans la barbarie. Ce furent la prospérité et le bonheur du peuple chinois qui engagèrent les Barbares à rechercher de vivre sous leur domination. (On ne voit guère de conquête

30 dans l’histoire de la Chine.)