Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de penser de nos Francs, de tous les Goths, qui conquirent l’Empire romain. Mais, en Occident, on sentit bientôt que des terres tenues ainsi précairement deviendroient incultes ; l’esprit de liberté ins

5 pira l’esprit de propriété ; nos fiefs devinrent héréditaires. Cela ne se put faire en Asie, parce que l’esprit de liberté n’y régnoit point. Les fiefs restèrent à vie ou plutôt continuèrent à être donnés ou ôtés par la volonté capricieuse du Prince. Bientôt

0 l’esprit précaire détruisit dans l’Indolestan (sic) les villages, les paysans, les terres, et le rendit le plus grand désert du Monde.

La même chose seroit arrivée au Japon, si le climat et la religion n’y avoient mis des différences1.

5 305* (1916. III, f° 147 v°). — Dans un chapitre fait sur l’Égypte, j’avois mis:

« Les esclaves avoient la Loi pour sûreté de leur

1. (*) On ne peut douter que le Japon ne soit une conquête tartare. Même gouvernement et même constitution que celle du Mogol, fondée par les Tartares. Les Japonois sont originaires de Tartane, comme les Mogols. Le Deiro se rapporte entièrement au Grand.Lama des Tartares. Les jongleurs ou chasseurs de Diables ou de maladies sont communs au Japon, comme chez les Tartares. Gengis-Kan fit jeter ses ennemis dans une chaudière bouillante, supplice commun chez les Japonois. Les deux peuples ont à peu près les mêmes dogmes ; ils sont aussi peu attachés au culte, et, à l’égard des dogmes, ils ont une égale indifférence. Les Tartares ne disputent jamais sur la Religion ; les Japonois, non plus. Avant le Christianisme, la liberté de religion y étoit entière. De même, les Tartares, par principe de conscience, les protègent toutes. Quoi que disent les histoires des Chinois, ce qu’on voit aujourd’hui prouve bien qu’ils n’auroient jamais été capables de conquérir le Japon. De plus, il n’y a nul rapport entre ces peuples.