Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/191

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les provinces ces impôts sur les denrées, et qu’il les augmente dans la capitale ; qu’il laisse finir les affaires dans les tribunaux des provinces, sans les appeler sans cesse à ses conseils ou à ses tribunaux particuliers ; qu’il renvoye en leurs postes tous 5 ceux qui ont des emplois et des titres de quelque espèce qu’ils soyent, dans les provinces ; et qu’il fasse cette réflexion que, plus il y a de gens qui quittent un lieu, plus de gens encore désirent d’en sortir, parce que ce qui reste a moins d’agréments. 10

Il y a dans la ville de Naples 50,ooo hommes qui n’y font absolument rien. Ces misérables ruinent les provinces, parce qu’ils n’y sont pas ; ils ruinent la ville capitale, parce qu’ils y sont.

Souvent des états qui paroissent très florissants i5 se sont trouvés très foibles: les hommes y étoient mal distribués ; et, pendant que les villes y regorgeoient d’habitants inutiles, la campagne manquoit de ceux qui sont nécessaires. Effet malheureux, que la prospérité même produit! 20

312* (1742. III, f° 56). — Cela n’a pu entrer dans le livre de la Nature du Terrain:

« II n’y a, en Europe et en Asie, de peuples sauvages que ceux qui, par la Nature, sont obligés de l’être: tels sont les peuples de la Laponie et de ï5 la Sibérie. Ils habitent un climat si froid que les arbres mêmes n’y peuvent venir. Ce sont les sauvages qui n’habitent point les forêts. Dispersés dans le terrain le plus ingrat de la Terre, dans un pays ouvert et sans défense, ils forment de petites 30