Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/240

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» Cette Loi des Allemands est très humaine1. Elle veut que, si une fille allemande libre se marie à un esclave de l’Église, et qu’elle se sente de la répugnance pour la vie servile, elle peut (sic) s’en aller. 5 Mais, si elle demeure trois ans sans réclamer, elle et ses enfants seront esclaves. La loi de ces peuples regardoit la liberté comme aussi naturelle que le mariage. Le lien de la Nature étoit plus fort que le lien de la volonté, qui n’étoit devenu lien de la

i « Nature que par la volonté. Cette réclamation a du rapport à celles que nous faisons contre les vœux monastiques dans les cinq ans. Mais notre réclamation suppose la violence et en demande la preuve ; au lieu que la Loi des Allemands, fondée

» 5 sur la fragilité, en dispensoit. Une femme libre, qui a souffert la servitude pendant trois ans, qui a consenti de voir si longtemps son âme abattue, qui n’a point trouvé un moment où elle ait pu former un sentiment généreux, s’est rendue indigne de la se liberté.

» La Loi des Allemands est partout très douce. Ces loix sont bien plus douces que les loix des Visigoths. Il pourroit être que ces peuples du Nord, transportés dans les pays du Midi, auroient eu * 5 besoin de loix plus sévères.

» Enfin, toutes ces loix respirent la douceur. Telles sont ces peines pécuniaires contre celui qui néglige le commandement du Duc ou du Centurion: 12 sous ; 6 sous ; 3 sous2.

1. « g 18. »

2. « Loi des Allemands, § 29 (sic). »