Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils furent établis, prirent les dispositions de la Loi romaine, et les Bourguignons choisirent d’autant plus volontiers cette loi qu’une pareille conduite pouvoit leur concilier l’esprit des peuples vaincus. 5

» Additamentum Legis Burgundionum, sur le vol d’un chien et d’un épervier (titre X et XI), loi très singulière, et qui marquoit la simplicité de ces peuples (pages 122 et 123 de l’extrait).

» La Loi des Visigoths avoit bien rencontré en 10 ordonnant que les courtisanes fussent données en servitude à un homme pauvre. L’infamie de la profession ne pouvoit être mieux punie que par l’infamie de la condition1.

» Les veuves qui, à la mort de leur mari, pre- i5 noient l’habit de religieuse et mettoient, sous cet habit, des bandes repliées pour preuve qu’elles n’avoient pas quitté l’habit du monde, étoient obligées par la Loi de garder l’habit et la continence monastique, parce que, dit le Prince, il faut juger a0 par l’habit extérieur2. La raison de la loi n’est pas plus sensée que la loi même : c’étoit par la volonté qu’il falloit juger.

» Nous trouvons, dans les loix des Allemands, les crimes et les délits punis par les mêmes compositions que dans les loix saliques ; aussi bien que les amendes ou freda qui se payoient au Public. Les peines corporelles n’étoient point en usage. Tout y suit l’esprit des premiers Germains.

1. «Livre III, titre iv, f 17.»

2. «Loi des Visigoths, livre III, titre V, §4.»