Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/245

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deviennent les inquisiteurs et soumettent les évêques même à leur autorité.

C’est le sort de ceux qui abusent du pouvoir que l’on en abuse bientôt contre eux-mêmes, et, comme l’injustice passe en d’autres mains, il 5 sera éternellement de la sagesse des hommes d’avoir de la modération et de se réfugier dans l’équité.

410* (1934. III, f i53). — Lorsqu’une loi paroît bizarre, et qu’on ne voit pas que le Législateur ait 10 eu intérêt à la faire telle (ce qu’on peut présumer lorsque cette loi n’est fiscale ni tyrannique), on doit croire qu’elle est plus raisonnable qu’elle ne paroît, et qu’elle est fondée sur une raison suffisante. La loi de Gengis-Kan défendoit aux Mogols d’appro- i5 cher des eaux pendant le tonnerre. Il vouloit empêcher que les Mogols, dans un pays où le tonnerre est très fréquent, se mettoient (sic) d’abord dans l’eau, ne se noyassent1.

411*(1922.III, f° 149). — Des Loix nouvelles.—iLes a0 loix nouvelles prouvent l’attention de ceux qui gouvernent. Mais l’exécution des loix anciennes la prouveroit encore mieux. Je ne voudrois pourtant pas blâmer les Romains des grands changements qui arrivèrent dans leur jurisprudence : ils changé- î5 rent le gouvernement, et il fallut que leurs loix civiles suivissent leurs loix politiques.

1. Voyez Pétis de La Croix, Vie de Gengis-Kan.