Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/266

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dames et auprès des princes. L’Europe n’a pas pu manquer de génies. Il y avoit, d’ailleurs, de l’émulation. Cependant, on ne voit que de misérables ouvrages, faits par des gens qui n’avoient que des 5 idées prises de l’Écriture sainte1. Mais, dès que l’on commença à lire les Anciens, que l’on eût perdu un siècle à les commenter et à les traduire, on vit paroître des auteurs, et (ce qui me semble faire la gloire des Anciens) on put leur comparer les Mo10 dernes2.

455* (121.1, p. 115). — Il ne faut point entrer avec les Anciens dans un détail qu’ils ne peuvent plus soutenir, et cela est encore plus vrai à l’égard des poëtes, qui décrivent les mœurs et les coutumes, et

25 dont les beautés, même les moins fines, dépendent, la plupart, de circonstances oubliées, ou qui ne touchent plus. Ils sont comme ces palais antiques dont les marbres sont sous l’herbe ; mais qui laissent encore voir toute la grandeur et toute la magnifi

20 cence du dessin.

456* (122.1, p. 116). — Nous reprochons aux Anciens d’avoir toujours relevé la force du corps des héros. Mais, parmi nous, chez qui de nouvelles façons de combattre ont rendu vaine la force du a5 corps, nous représentons encore, dans les ouvrages

1. L’application unique de plusieurs moines à la lecture de l’Écriture a fait faire bien des mauvais ouvrages profanes. On tiroit toutes les étyraologies de l’hébreu, et on rapportoit toutes les histoires à celles des Livres saints. 2 . Voyez page 118.