Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/277

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Il partit, et bientôt les discordes civiles
Désolèrent les champs, renversèrent les villes,
Et, dans Pharsale, enfin, César victorieux
Vit rougir les mortels des caprices des Dieux.

(Songe :) 5

Une nuit que j’étois dans cet état tranquille
Où notre esprit plus libre et moins apesanti
A l’empire des sens n’est point assujetti...

(Britomare dit :)

J’ai couru mille fois après ma liberté ; 10
Mais, ne pouvant éteindre un feu qui me dévore,
Je n’ai pu m’empêcher d’aimer ce que j’adore.

Le sang dont vous sortez,
Tous les rois, tous les cœurs qui vous rendent hommage,
Et la Divinité peinte dans son ouvrage... i5
Mais, bien loin que j’éteigne une flamme si belle,
Tous mes efforts ne font que la rendre éternelle.
Hélas ! Il falloit donc dérober à ma vue
Les célestes attraits dont vous êtes pourvue.
Tel est cet art puissant qu’ils ont de nous charmer : 20
Commencer à vous voir, c’est commencer d’aimer.
Un moment a vu naître une flamme éternelle ;
Chaque instant qui le suit vous présente plus belle :
Il me fait découvrir mille nouveaux attraits,