Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/284

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485 (337. I, p. 337). — Procuste : « Je continue ma réforme. Vous savez que tous les hommes que j’attrape, je les mets, tout de leur long, sur mon lit. On étend ceux qui sont trop courts, et on rogne les

5 jambes de ceux qui sont trop longs. Voyez-vous ! Je prétends que tous les hommes soyent faits comme moi. Mais ils sont si opiniâtres qu’ils veulent tous garder leur taille... »

486 (338. I, p. 338). — « Cruelle Myrinna, parce 10 que vous êtes suivie de trente mille femmes de pied et

de dix mille de cavalerie, vous voulez réduire l’Afrique en servitude. » — Myrinna : « Je veux affranchir mon sexe de la tyrannie où il est. Vous ne nous mettez sous les loix de l’honneur qu’afin de pouvoir

i5 nous déshonorer quand il vous plaît. Vous êtes piqués, si nous vous refusons, et vous nous méprisez, si nous ne vous refusons pas. Quand vous nous dites que vous nous aimez, cela veut dire que vous souhaitez de nous jeter dans les plus grands périls,

20 sans les partager. »

487 (564.1, f° 438 v°). — D’un Dialogue de Vulcain et Vénus. — Je ne sais ce qui me fait le plus de peine de ce que je suis c..., ou de ce que tout le monde le sait. En vérité, je crois que c’est de ce que

a5 je suis c... : car, lorsque j’appelois les Dieux pour voir dans mes filets Mars et Vénus, j’étois charmé. Ils furent bien confus... Mais je ne veux plus laisser ma femme courir en Chypre, à Paphos, à Cythère... Je n’ai que faire de cette troupe de Nymphes, d’Amours