Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/29

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A mesure que notre auteur se voua, de plus en plus exclusivement, à l’étude des lois et des règles qui président à la destinée des nations, il exposa ses idées sous des formes plus simples et plus graves. Les Pensées (manuscrites) nous révèlent qu’après avoir mis en scène Usbek et Rica, dans les Lettres Persanes, il songea à présenter ses opinions sous le nom d’écrivains étrangers et imaginaires. Certains de ses opuscules étaient destinés à un ou plusieurs recueils, intitulés: Bibliothèque Espagnole, ou Journaux de Livres peu connus. Ses Princes eux-mêmes étaient (soi-disant) l’ouvrage « qu’auroit fait M. Zamega, s’il étoit jamais venu au Monde1». Montesquieu sentit probablement qu’il y avait moins d’art que d’artifice dans ce procédé de publication. Il y renonça et mit au jour les Considérations sur la Grandeur des Romains, le chefd’œuvre le plus compact et le plus austère de la prose française.

Parmi les fragments que nous publions, signalons encore les préfaces inédites que le Président avait rédigées, les unes, pour ses œuvres propres, et les autres, pour quelque œuvre d’autrui. Nous ignorons à laquelle de ces deux catégories appartient l’introduction qui semble destinée à une histoire des Jésuitesa. Mais il est certain que Montesquieu composa pour un M. Rollin ou Raulin (ne pas confondre avec le bon Rollin, « l’Abeille de la France ») un projet d’épître à mettre en tête d’un livre dédié au trop galant maréchal de Richelieu3.

Ajoutons ici un mot sur la prétendue Histoire de Louis XI. Dans les tomes des Pensées (manuscrites), on ne rencontre pas une ligne qui fasse supposer que l’Auteur ait jamais consacré un livre spécial au fils de Charles VII. Il y est bien question d’une Histoire de Louis XIV, dont

1. Pensées (manuscrites), tome III, folio 296 v».

2. Pensées (manuscrites), tome I, page 253.

3. Pensées (manuscrites), tome III, folio 475.