Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/316

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perfection dont la Nature humaine n’est pas capable, et, à force de trop demander, on décourage les talents

Enfin, de grandes découvertes qu’on a faites dans 5 ces derniers temps, fait qu’on regarde comme frivole tout ce qui ne porte pas avec soi un air d’utilité présente, sans songer que tout est lié, et que tout se tient2.

543(1262. II, f m v°). — Ce qui retarde encore 10 nos progrès 3, c’est le ridicule qu’il y a à savoir, et le bon air de l’ignorance.

Le talent de tourner en ridicule, talent si commun dans notre nation que l’on trouvera plus aisément des gens qui l’ont en quelque degré, que des gens i5 qui en soyent totalement privés.

Ce goût pour la parodie le prouve bien : sorte d’ouvrage qu’un esprit même médiocre ne peut pas manquer.

Il faut, dans une nation, prendre garde au pen20 chant qu’on peut avoir de donner du ridicule aux choses bonnes. Il faut garder cela comme une arme contre celles qui ne le sont pas. Ainsi le fanatisme, en Angleterre, fut détruit par là. Ce ne peut donc être tout au plus que pour le bien des hommes 25 que Ton peut faire usage de la malignité humaine.

1. Voyez page i36 v° et r°.

2. Voir mon ouvrage sur la Critique. Voyez aussi la page 17 v° de ce volume. — Voyez aussi la page 11o et m de ce volume et suiv.

3. Suite de la page 34.