Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/368

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obligé de dire à ce dernier, devant le Roi, qu’on ne mettoit point les affaires d’État entre les mains des enfants ? Il disoit au Roi ce qu’il avoit pris tant de peine à lui persuader toute sa vie : de mettre les 5 affaires entre les mains des ministres, et non pas des favoris 1.

M. de Voltaire regarde comme une absurdité ce que le Testament politique dit : qu’il faut borner le comptant à 6 millions d’or. Il demande ce que

10 c’est que 6 millions d’or : si ce sont des millions de marcs, des millions de louis. Il est aisé de répondre : ce sont 6 millions de livres en or. On dit ici 6 millions d’or parce que le Comptant ou le Trésor royal paye toujours le comptant du Roi en or. Sous

i5 le cardinal Mazarin, le comptant étoit prodigieux et passoit 4o millions. Le comptant a toujours été nécessaire, et, d’un autre côté, il a été nécessaire que l’on comptât à la Chambre, pour que le Roi pût se rendre raison à lui-même. Lorsque les cours ont

20 fait des représentations, on a fait de certaines bornes au comptant, et même sans représentations : car il doit toujours y avoir des dépenses secrètes. Ici le cardinal de Richelieu veut que le comptant ait une étendue suffisante ; mais que, d’ailleurs, il

25 n’en ait pas trop, afin que l’administration soit sage. Le comptant qu’il établit est, à peu près, à (sic) ce qui est établi aujourd’hui : il est d’environ i5 millions.

1. Ce sont des idées jetées en l’air et des matériaux à rectifier ; non pas un ouvrage.