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XVIII. SUR L’HISTOIRE DE FRANCE.

595 et 596. — Morceaux De Ce Que1 Je Voulois écrire Sur L’histoire De France1 .

595*(13o2. II, f° 141). — Ce ne fut pas un peuple, mais une armée, qui, sous Clovis, conquit les 5 Gaules. Elle étoit composée de volontaires, qui s’étoient choisi des chefs plutôt pour les conduire, que pour leur commander. Le premier acte d’indépendance qu’ils donnèrent fut de chasser Chilpéric (sic), et, lorsque la famille de Clovis partagea 10 le royaume, on vit partout les Seigneurs se rendre arbitres de la guerre et de la paix.

Brunehaud, femme habile, porta plus loin l’autorité royale, et elle étonna les seigneurs par sa hardiesse et ses crimes. Son gouvernement étoit, 0 d’ailleurs, bon. Elle fit partout des ouvrages dignes d’un proconsul romain. Frédégonde disputa de méchanceté avec elle ; mais elle l’exerça plus sur la famille royale que sur les sujets.

Un gouvernement successif se fit envisager par 20 les seigneurs comme une suite de l’esclavage. Ainsi ils furent ravis de transporter toute l’autorité aux maires du Palais, laissant le nom de Roi à ceux de la famille de Clovis. Ils ne firent par là que remettre les choses dans le premier ordre : car, comme dit 25 Tacite (De Moribus Germanorum) : Reges ex nobilitate,

1. Nous n’avons pas le courage si abattu que nous n’osions pas dire la vérité même sous un bon prince.