Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


De la troisième Race.

L’histoire de la première race est l’histoire d’un peuple barbare. L’histoire de la seconde est celle d’un peuple superstitieux. Celle du commencement 5 de la troisième, celle d’un peuple qui vit dans une espèce d’anarchie, qui a un mauvais gouvernement, et qui n’en suit pas même les règles.

Les Seigneurs ne laissèrent encore une fois aux Roix que le nom. Mais, au lieu de faire un corps de 10 monarchie sous un maire, comme sous la fin de la première race, ils la mirent en lambeaux, divisant cette autorité dont ils avoient joui en commun sous un maire.

Ainsi on voyait un corps composé de pièces i5 rapportées, sans harmonie et sans liaison ; point d’autorité dans le chef ; aucune union dans les membres ; chaque seigneur régissant son état particulier avec les mêmes défauts de la Monarchie ; de la majesté sans pouvoir ; des guerres faites avec 20 courage, à la vérité, mais sans but et sans dessein. Mais ce qui sembloit devoir anéantir pour jamais l’autorité royale fut la cause de son rétablissement ; chose qui n’a jamais manqué d’arriver dans toute cette troisième race, comme la suite de ceci le fera 25 voir.

Lorsque les Seigneurs formèrent divers états, ils voulurent pourtant laisser toujours un corps et former une nation. Mais, dans ce temps-là, on n’avoit point d’alliance d’état à état. On ne les connoissoit