Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/399

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Bientôt après se découvrit cette conspiration contre Venise qui n’a point fait de déshonneur à son auteur, parce que les hommes n’ont horreur que pour les crimes des gens médiocres. Il avoit conspiré contre cette république comme on conspire 5 contre la vie d’un particulier. Pendant qu’elle ne se défendoit que de la conquête, qui est toujours longue, il songeoit à la destruction, laquelle ne demande qu’une nuit. Pendant qu’on exécutoit les complices, le caractère de l’ambassadeur le rendoit 10 redoutable. Le Peuple le menaçoit de le mettre en pièces. Bedmar, chargé d’exécrations, soutenoit encore l’orgueil de son rang ; il menaçoit encore, parce qu’il n’avoit pu détruire.

Le duc d’Ossone, vice-roi de Naples, homme dont i5 les caprices entroient dans l’ordre de ses desseins. 11 avoit la politique de laisser douter s’il avoit de la raison, et il pensa se faire roi dans le temps qu’on le jugeoit à peine capable d’être gouverneur.

La France, par le traité d’Ulm, fonda cette grande 20 puissance de la Maison d’Autriche en Allemagne. La Ligue catholique faisoit en Allemagne des progrès étonnants. Les princes protestants, consternés, ne se servoient pas de leurs forces ; ils ne les sentoient pas même. Il n’y avoit que des aventuriers qui, »5 n’ayant ni biens, ni réputation, ni états à perdre, fatiguoient les vainqueurs et ne les arrêtoient pas. Le seul Mansfeld se distinguoit par la facilité qu’il avoit à réparer ses défaites. Le roi Jacques, aussi malheureux dans la négociation que son gendre 3o