Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/410

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médiocre, parce qu’il outroit les principes ; homme, d’ailleurs, aimant la police, et qui ne négligeoit pas le bien, lorsqu’il étoit compatible avec ses préventions ; laborieux, diligent, propre à rompre les 5 entreprises des ennemis et à seconder celles du Ministère 1.

596* (13o6. II, f° 173).— Jusques ici la Fortune sembloit avoir pris plaisir à corrompre le cœur du Roi ; elle s’en lassa. Avant la bataille d’Hochstaedt,

10 la France étoit montée à ce période de grandeur que l’on regarde comme immuable, quoiqu’il touche au moment de la décadence. 11 est certain que la Ligue se fit par désespoir. Nous perdîmes donc à Hochstœdt cette confiance que nous avions acquise

i5 par trente ans de victoires : .... bataillons se rendirent prisonniers de guerre ; nous regrettâmes leur vie, comme nous aurions regretté leur mort.

Il semble que Dieu, qui a voulu mettre des bornes aux empires, ait donné aux François cette facilité

20 d’acquérir, avec cette facilité de perdre, ce feu auquel rien ne résiste, avec ce découragement qui fait plier à tout.

Mad’de Maintenon. — Le temps lui ôta la beauté, jamais de certaines grâces ; son esprit insinuant fit 25 seul, et malgré les yeux, cette grande conquête. Elle servit sa famille avec modération et n’eut aucun attachement pour les richesses. Elle ne demanda

1. Voyez ci-dessus le caractère de Louis XIV.