Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/414

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sorte que le duc d’Orléans étoit charmé de son esprit.

Il dit un jour à M. le duc d’Orléans que les ministres étrangers n’avoient point de confiance en lui 5 parce qu’il n’avoit jamais travaillé seul avec le Roi. «B et coquin que tu es ! lui dit M. d’Orléans. Je te donnerai vingt coups de pied au c, si tu me tiens jamais de pareils discours. >

On dit que le dessein de M. d’Orléans étoit d’abord 10 de faire un Conseil royal, dont auroit (sic) été le maréchal de Villeroy, M. d’Uxelles, Tallard et quelques autres, moyennant quoi Dubois n’auroit pas été premier ministre ; mais le maréchal de Villeroy ne voulut pas s’y prêter1 .

i5 Le cardinal Dubois étoit une mauvaise copie du cardinal de Mazarin. Quelle infamie d’avoir révélé les complices de la conspiration de l’évêque de Rochester ! N’employa-t-il pas le Prétendant pour se faire faire cardinal ? et n’écrivoit-il pas en An

2o gleterre que, quand il le seroit, il se joueroit de l’imbécile ?

Après ce que j’ai vu, je ne compterai jamais pour rien les louanges données au ministre qui est en place. J’ai vu les gens les plus sensés admirer le 2 5 cardinal Dubois comme un Richelieu, et, trois jours après sa mort, tout le monde est convenu que c’étoit un cuistre, incapable d’aucune partie du ministère.

On portoit le respect aussi loin qu’on avoit, d’abord, porté le mépris, et, sans examiner les raisons

i. Voyez la page 2o2 de ce volume, et la page 2o3.