Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/417

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dispositions pour les vices et les vertus humaines dépendent du mécanisme.

598* (221.1, p. 243). — C’est l’amour de la patrie qui a donné aux histoires grecques et romaines cette noblesse que les nôtres n’ont pas. Elle y est le res- 5 sort continuel de toutes les actions, et on sent du plaisir à la trouver partout, cette vertu chère à tous ceux qui ont un cœur.

Quand on pense à la petitesse de nos motifs, à la bassesse de nos moyens, à l’avarice avec laquelle 10 nous cherchons de viles récompenses, à cette ambition si différente de l’amour de la gloire, on est étonné de la différence des spectacles, et il semble que, depuis que ces deux grands peuples ne sont plus, les hommes se sont raccourcis d’une coudée. i5

599* (222.1, p. 244).— De toutes les paroles des Anciens, je n’en sache pas qui marque plus de barbarie qu’une parole de Sylla.

On lui présenta un pêcheur de la ville ***, qui lui portoit un poisson. 20

« Après tout ce que j’ai fait, dit-il, y a-t-il encore un homme dans la ville de *** ?»

Cet homme funeste admiroit que sa cruauté eût pu avoir quelques bornes.

600* (223. I, p. 244). — Si la Physique n’avoit 25 d’autres inventions que celles de la poudre et du feu grégeois, on feroit fort bien de la bannir comme la Magie.