Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/419

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parer le tort que je vous aurai fait. — Si je ne fais pas ce que je vous promets, je me soumets au plus grand des malheurs, c’est-à-dire à la vengeance de Dieu. » Et, dans ce cas, si je n’y crois pas, je vous donne un gage faux, et je vous trompe de deux 5 manières : car vous n’avez ni la chose que je vous ai promise, ni le gage que vous croyez avoir.

Ceux qui disent que les serments n’ajoutent rien à la promesse se trompent fort : car votre promesse ne vous lie que parce qu’elle m’engage à vous croire. 10 Le lien augmente donc avec le motif de confiance : j’ai compté sur ce que vous me disiez, non seulement parce que vous le disiez, mais aussi parce que j’ai cru que vous aviez de la religion, et que vous ne m’avez pas donné sujet de penser que vous étiez un i5 athée.

S’il est faux que le serment soit un nouveau lien, il est faux aussi que la parole soit un lien : car la parole ne lie que par le degré de crédibilité (sic) qu’elle donne à celui à qui on l’a donnée. 20

603* (1252. II, f° 1o4 v°).— Du Gouvernement d’Angleterre. — Les Anglois peuvent demander, sur la question s’il est permis de résister à la tyrannie : « Est-il plus utile au Genre humain que l’opinion de l’obéissance aveugle soit établie, que celle qui borne 25 la puissance, lorsqu’elle devient destructive ?»

Valoit-il mieux que des villes florissantes fussent baignées dans le sang, que si Pisistrate avoit été exilé ? Denys, chassé ? Phalaris, dépouillé de la puissance ? 3o