Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/467

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tous vos successeurs ne seront pas aussi justes que vous ?

» Si vous aimez même votre successeur, vous ne travaillerez point à lui laisser une autorité illimitée, comme un père, qui aime son fils, ne cherche pas à 5 lui ôter la gêne de la présence d’un homme sage qui l’avertit. >

657*(1992. III, f° 285 v°). — Dans les cours des princes, on a ordinairement une très fausse idée du pouvoir. Le roi d’Angleterre est réellement plus 10 absolu que le Grand-Seigneur. Il s’en faut bien que le Parlement y soit aussi incommode aux roix et aux ministres, que la milice ou le peuple de Constantinople ne le sont au Sérail et au Divan. Il s’en faut bien que ceux qui gouvernent l’Irlande et l’Écosse i5 y donnent la millième partie des chagrins que donnent au Grand-Seigneur les bachas d’Anatolie et du Ker. Enfin, c’est en Turquie que les loix de l’État, c’est-à-dire les coutumes, peuvent être violées moins impunément que dans aucun lieu du Monde1. ao

658* (1993. III, f° 286). — Comme la condition des Princes les affranchit de la crainte des loix, il est presque impossible qu’ils ne soyent totalement méchants, sans quelque système de croyance. Cela se prouve par cette suite de roix successeurs 2b d’Alexandre, en Égypte, en Asie, en Macédoine. Cela se prouve par ces empereurs romains qui,

1. Je crois que cela est mis dans les Romains.