Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/473

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punis que par les remords, et on les en soulage. Je conjure ceux qui approchent des Princes de comparer le mal qu’ils font, lorsqu’ils violent leurs devoirs à l’égard de quelqu’un de leurs concitoyens, avec celui qu’ils font, lorsqu’ils les violent à l’égard de 5 leur patrie. Les citoyens sont tous mortels, et la Patrie est éternelle. Encore un peu de temps, et l’on verra finir le mal qui leur a été fait, leurs reproches et leurs larmes : celui qui, aujourd’hui, est opprimé disparaîtra bientôt, peut-être avant le coupable. 10 Mais le crime qui change en pis la constitution d’un état survit à son auteur, à son repentir et à ses remords.

Après quoi, il (sic) ajoute :

« Tout courtisan, tout ministre qui, pour une ù malheureuse pension, pour une petite augmentation de fortune, sacrifie le bien public, est un lâche fripon, qui, ayant une fausse clé d’un trésor commun, en escamote une partie et renonce à partager légitimement ce qu’il aime mieux dérober tout entier. » 20

Mais pourquoi, dans tous les temps et dans tous les pays, les favoris ont-ils été si odieux ? C’est que, les Princes étant établis pour nous gouverner, nous souffrons le mal qu’ils nous font quelquefois, par la considération du bien qu’ils nous font toujours. 25 Mais les favoris se trouvent au-dessus des autres pour leur utilité seule et particulière.

061* (1996. III, fo 294). — Il faut parler de la magnificence des Princes. Ils doivent paroître avec un certain éclat extérieur : car, comme notre devoir 3o