Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/484

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lumières nouvelles, pour que nous pussions concevoir comment la matière est capable de sentir et de penser ?

Mais, de même que nous jugeons que les corps 5 sont organisés, parce que nous voyons leurs organes ; qu’ils ont de l’électricité, parce que nous en voyons les effets : nous devons dire de même que la matière est capable de sentiment (dira un athée), parce que nous sentons, et de pensée, parce que nous pensons.

10 673* (1946. III, f° 25o). — Quelques Réflexions Qui Peuvent Servir Contre Le Paradoxe De

M. BAYLE, QU’IL VAUT MIEUX ÊTRE ATHÉE Qu’ido

Latre, Avec Quelques Autres Fragments De Quelques Écrits Faits Dans Ma Jeunesse, Que

l5 J’AI DÉCHIRÉS.

On ne peut juger des choses que par les idées qu’on en a. Or, la première idée qui se présente à notre esprit, c’est celle de la matière. Tout ce que nous voyons, tout ce qui nous entoure est matériel.

îo Il n’y a pas jusqu’aux sensations qui ne nous paroissent être un attribut de la matière. Ce n’est que par l’étude de la philosophie qu’on peut se détromper. (Je parle de la nouvelle : car l’ancienne ne serviroit qu’à fortifier les préjugés.) Il est même certain

25 qu’avant M. Descartes la philosophie n’avoit point de preuves de l’immatérialité de l’âme : car l’âme ne se peut connoître que de deux manières, par l’idée ou par sentiment. Tout le monde convient que nous n’en avons point d’idée ; il est donc clair

3o que nous ne la connoissons que par sentiment.