Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/495

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raisons que rend l’Apôtre se rapportent à peu près à la parabole de Jésus-Christ sur les ouvriers. Voyez dans le chapitre n de la même Épître, où il dit aux Gentils que, comme Dieu les a choisis après que les Juifs sont rejetés, ils doivent craindre que Dieu ne 5 choisisse les Juifs à leur tour. « Sicut enim aliquando vos non credidistis Deo, nunc enim misericordiam consecuti estis propter incredulitatem illorum ; ita et isti nunc non crediderunt in vestram misericordiam, ut et ipsi misericordiam consequantur. » Après 10 quoi, il s’écrie : « Altitudo divitiarum ! » afin qu’on ne demandât pas raison à Dieu des grâces qu’il fait. Mais il n’est pas question des peines.

Quand saint Paul dit que Dieu a prédestiné l’un pour être le fils de la colère, l’autre pour être le fils ô de la miséricorde, il veut dire que Dieu a vu généralement qu’il y auroit des damnés et des sauvés, sans sacrifier tel ou tel : car il voyoit bien, par l’arrangement des causes secondes, qu’il y en avoit qui seroient bien plus susceptibles des objets (sic) 50 que les autres.

Du reste, ce sont des idées jetées, et comme elles me sont venues dans l’esprit, sans examen, et je ne me pique pas d’être théologien.

Je proposerai encore ici un doute. Il ne faut pas ^ trop presser l’idée que l’offense d’un être fini envers un être infini est toujours infinie : car, toutes les infinités étant égales, il s’en suivroit que toutes les offenses seroient égales. Il faut avoir égard à la capacité de l’être qui offense, qui n’a rien d’infini en lui. 3o

Ce sont des doutes.