Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/83

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II. LETTRES PERSANES.

110* (2249. III, f° 478). — Lettres persanes. — Lorsque cet ouvrage parut, on ne le regarda pas comme un ouvrage sérieux. Il ne l’étoit pas. On pardonna deux ou trois témérités en faveur d’une 5 conscience qui étoit toute à découvert, qui portoit la critique sur tout et le venin sur rien. Tout lecteur se rendit témoignage à lui-même. Il ne se souvint que de sa gayeté. L’on se fâchoit autrefois comme on se fâche aujourd’hui. Mais on savoit 10 mieux, autrefois, quand il falloit se fâcher.

111* (2032. III, f° 320). — Apologie des « Lettres persanes*.— On ne peut guère imputer aux Lettres persanes les choses que l’on a prétendu y choquer la Religion. ib

Ces choses ne s’y trouvent jamais liées avec l’idée d’examen, mais avec l’idée de singularité ; jamais, avec l’idée de critique, mais avec l’idée d’extraordinaire.

C’étoit un Persan qui parloit, et qui devoit être frappé de tout ce qu’il voyoit et de tout ce qu’il 20 entendoit.

Dans ce cas, quand il parle de religion, il n’en doit pas paroître plus instruit que des autres choses, comme des usages et des manières de la Nation, qu’il ne regarde point comme bonnes ou 25 mauvaises, mais comme merveilleuses.