Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/90

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118* (1 614. II, f° 463 v°). — Il y a une espèce de turban qui fait faire la moitié des sottises qui se font en France. Ce prétendant qui veut avoir le chapeau à quelque prix qu’il en soit, s’imagine qu’il couvrira tou3 tes les mauvaises démarches qu’il fait pour l’obtenir.

Il n’y a guère de prince qui ne s’en sente honoré. Il n’y a guère de faquin qui n’y puisse prétendre. Sa pourpre confond toutes les conditions et s’allie orgueilleusement avec elles.

0 119* (1615. II, ^464). —Je me souviens que, lorsque nous arrivâmes en France, Hagi Ibbi regardoit le Roi avec mépris lorsqu’on lui disoit qu’il n’avoit ni femmes, ni eunuques, ni sérail ; que personne ne fuyoit lorsqu’il passoit quelque part ;

5 que, lorsqu’il étoit dans la Capitale, à peine la plupart des gens distinguoient-ils son carrosse de celui d’un particulier.

120* (1616. II, f° 464). — C’étoit un grand spectacle 1 de voir tous les Troglodytes dans la joye,

0 pendant que le Prince fondoit en larmes. Le lendemain, il parut devant les Troglodytes avec un visage qui ne marquoit ni tristesse, ni joye. Il ne parut plus occupé que du soin du gouvernement. Mais l’ennui secret qui le dévoroit le mit bientôt

5 dans le tombeau. Ainsi mourut le plus grand roi qui ait jamais gouverné les hommes.

1. Page 64 des Lettres persanes, Ier volume. — J’avois pensé de continuer l’histoire des Troglodytes, et voilà quelle étoit mon idée.