Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


999(696. I, p. 476).— La crainte ajoute à nos peines, comme les désirs ajoutent à nos plaisirs.

1000(2070. III, f° 343).— Dans les petites villes, on n’a point de jouissances, et, dans les grandes, 3 point de désirs.

1001 (897. II, f° 11). — Nous pouvons nous faire des biens de tous nos biens, et nous pouvons encore nous faire des biens de nos maux.

1002* (1644. III, f° 5). — Pour faire un traité sur

1o le bonheur, il faut bien poser le terme où le bonheur peut aller par la nature de l’Homme, et ne point commencer par exiger qu’il ait le bonheur des Anges ou d’autres Puissances plus heureuses que nous imaginons.

15 Le bonheur consiste plus dans une disposition générale de l’esprit et du cœur, qui s’ouvre au bonheur que la nature de l’Homme peut prêter, que dans la multiplicité de certains moments heureux dans la vie. Il consiste plus dans une certaine

2o capacité de recevoir ces moments heureux. Il ne consiste point dans le plaisir, mais dans une capacité aisée de recevoir le plaisir, dans une espérance bien fondée de le trouver quand on voudra, dans une expérience que l’on n’a point un certain dégoût

2b général pour les choses qui font la félicité des autres.

Deux choses composent le malheur moral : l’ennui général, qui provient du dégoût ou du dédain