Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/151

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La raison morale donne aux vieillards de la force et de la constance ; la raison physique la lui ôte. La raison morale donne à un vieillard du mépris pour la vie ; la raison physique la lui rend plus chère. La raison morale doit donner un grand prix 5 à la vie d’un jeune homme ; la raison physique le diminue. La raison morale nous fait regarder les peines de l’autre vie comme très proches ; la raison physique, en nous attachant à tout ce qui est présent, nous les éloigne. 1°

1209* (811. I, p. 519). — Je supplie qu’on ne m’accuse pas d’attribuer aux causes morales des choses qui n’appartiennent qu’au climat. Je sais la part que le climat a dans la formation des caractères ; mais je vais faire quelques réflexions. Les Romains 15 d’aujourd’hui ont tous les principes du caractère des Romains d’autrefois : car jamais un spectacle ne leur plaira s’il n’y a des combats sur leurs théâtres. Les Athéniens sont aussi subtils ; les Lacédémoniens, aussi rudes. Mais quel est l’effet que cela 2o produit ?

Je sais bien que, si des causes morales n’interrompoient point les physiques, celles-ci sortiroient et agiroient dans toute leur étendue.

Je sais encore que, si les causes physiques avoient" la force d’agir par elles-mêmes (comme lorsque les peuples sont habitants de montagnes inaccessibles), elles ne détruisissent (sic) bientôt la cause morale : car souvent la cause physique a besoin de la cause morale pour agir. 3o