Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/215

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saint Paul de la consommation des siècles, des derniers temps. Saint Barnabé suit la même idée dans l’épître qu’on lui attribue. Selon Tertullien, on faisoit des prières publiques pour reculer cette fin du Monde : « Oremus etiam pro Imperatoribus, pro 5 statu sœculi, pro rerum quiete, pro mora finis. »

1. Voyez pages 45, 46 et 47.

Dans le m* siècle, comme cette fin n’arrivoit pas, et que personne ne vouloit qu’elle arrivât sitôt, on ne compta que cinq mille cinq cents ans, et c’est la chronique de Jules Africain. 1o

Dans le Ve siècle, il fallut reculer encore, personne ne voulant voir cette fin du Monde ; de manière qu’on ne mit plus que cinq mille deux cents ans.

Lactance, suivant le calcul de Jules Africain, et 15 sur la pensée que le Monde ne devoit durer que six mille ans, écrivant l’an 320, dit que le Monde ne devoit durer encore que deux cents ans.

Enfin, comme le temps prescrit se passoit, il fallut reculer encore et ne mettre, jusqu’à la venue de 2o Jésus-Christ, que quatre mille ans ; et, vers la fin du vu" siècle, on trouve, dans le Talmud, la tradition de la maison d’Hélie, qui porte que le Monde doit durer six mille ans : deux mille ans d’inanité ; deux mille ans sous la Loi ; deux mille ans sous le Messie ; 25 ce qui donne bien du temps avant que les six mille ans ne soyent finis.

On voit donc qu’à mesure que le temps depuis Jésus-Christ augmentoit, il falloit que le temps avant Jésus-Christ diminuât. Remarquez que les retran- 3o chements ont été faits fort à l’aise, parce qu’ils ont